Caractérisation phénotypique des syndromes d’insuffisance médullaire liés aux mutations du gène ERCC6L2
Réf. : HematoStat.net ; 2 (24).
Résumé de l’article
Ce travail descriptif rapporte la plus grande cohorte (n=52, parmi 39 familles dans 9 pays, mais dont 23 patients (44%) d’origine finlandaise, suggérant un effet fondateur) à ce jour de patients porteurs de mutations du gène excision repair cross-complementing 6 like 2 (ERCC6L2), jouant un rôle dans la réparation de l’ADN. Tous les patients symptomatiques présentaient des mutations bialléliques, tronquantes dans la majorité des cas (93%), responsables d’un tableau initial d’aplasie médullaire (62%) ou d’hémopathie myéloïde (SMD/LAM, 28%) avec un âge médian au diagnostic de 18 ans. Parmi les autres éléments notables, on retiendra la forte prévalence des mutations de TP53 (26/29 patients testés, 90%), l’absence de phénotype extra-hématologique systématisé (4 patients avec troubles neurologiques, 3 microcéphalies, 2 patients avec auto-immunité) et la nécessité de réévaluations médullaires régulières en raison du potentiel évolutif malin qui ne semble pas être corrélé au degré des cytopénies.
Dans nos pratiques
Il s’agit d’une étude collaborative internationale ayant permis une description large du phénotype des patients porteurs de mutations ERCC6L2, dont la présence semble cosmopolite. Elle alerte sur le phénotype particulier (découverte durant l’adolescence, aplasie médullaire ou hémopathie constituée), la nécessité d’un suivi régulier (avec réévaluation médullaire) et la fréquence très élevée des mutations TP53.
Le regard du biostatisticien
Cette publication ne se limite pas à une banale analyse synthétisant les caractéristiques de ces rares jeunes individus finlandais. Dans un premier temps, les auteurs affichent les caractéristiques des chacun des 52 patients (âge, hémopathie, génotype ERCC6L2, TP53…) pour dans un second temps faire une comparaison des profils avec et sans mutation ERCC6L2 (avec des boxplot en guise d’illustrations). L’originalité de cet article est d’y avoir proposé une étude généalogique grâce à leurs archives nationales qui a permis de retracer l’origine de cette mutation. Quelques analyses univariées sur la survie et l’incidence de survenue d’hémopathie au cours du temps ont pu être effectués pour distinguer des facteurs de risque potentiels. Mais étant donné le petit effectif, seuls les larges effets peuvent être recensés (ce qui est une excellente chose vu la rareté de cette population) et des analyses multivariées ne paraissaient logiquement pas envisageables.