Un effet protecteur inattendu de l’Hydroxyurée (HU) sur le paludisme
Réf. : HematoStat.net ; 2 (17)
Olupot-Olupot P, Tomlinson G, Williams TN, Tshilolo L, Santos B, Smart LR et al. Hydroxyurea treatment is associated with lower malaria incidence in children with sickle cell anemia in sub-Saharan Africa. Blood. 2023 23;141(12):1402-1410.
Résumé de l’article
L’essai prospectif REACH a montré une réduction de l’incidence du paludisme chez des enfants drépanocytaires traité par HU (IRR 0,49 95%[CI][0.37-0.66]; p<0,001). Il s’agit ici d’une analyse longitudinale des cas avérés de paludisme (n=346) des enfants inclus dans REACH (n=606), rapportant que la neutropénie modérée < 3G/L (p=0,005) et que l’absence de splénomégalie (p<0,001) étaient 2 facteurs associés à une réduction du risque de paludisme.
Dans nos pratiques
L’HU est la principale arme thérapeutique chez les patients drépanocytaires en Afrique subsaharienne, où le paludisme reste un problème de santé publique. Les mécanismes du rôle protecteur de l’HU restent incompris, cette étude suggérant un rôle potentiel des neutrophiles (inflammation exacerbée, adhésion vasculaire ?), une toxicité directe de l’HU contre le plasmodium ou encore la splénomégalie comme étant un réservoir potentiel parasitaire.
Le regard du biostatisticien
Cette étude similaire à un essai clinique de phase II sur une population pédiatrique très spécifique a montré une réduction de moitié du risque relatif de cas de paludisme grâce à la prise de HU. De nombreux éléments laissent à penser que ces résultats sont solides et que les analyses furent réellement rigoureuses, comme l’utilisation de variables temps-dépendantes dans les modèles de Cox, la prise en compte du risque d’infection suivant la saison, le pays, ou encore de transformations de variables continues. À quand une confirmation par un essai de phase III ?