Le luspatercept dans les myélodysplasies de faible risque

Last Updated: 5 March 2020Tags: , , , ,

Réf. :HematoStat.net ; 1 (1) : R1

Fenaux P, Platzbecker U, Mufti GJ, and al. Luspatercept in Patients with Lower-Risk Myelodysplastic Syndromes. N Engl J Med. 2020;382(2):140–151. doi:10.1056/NEJMoa1908892.

Résumé de l’article :

De nombreux patients atteints de syndromes myélodysplasiques (SMD) ne vont pas répondre aux agents stimulants l’érythropoïèse (ASE), il existe alors peu d’alternative aux transfusions itératives. Le luspatercept, protéine de fusion recombinante, va lier sélectivement certains ligands de la superfamille du TGF-ß  diminuant ainsi l’effet inhibiteur de SMAD2 et SMAD3 sur la maturation cellulaire. Des essais de phase 2 avaient souligné son intérêt chez les patients atteints de SMD avec sidéroblastes en couronne (SC). 
Fenaux et coll. rapportent ici les résultats de l’étude MEDALIST, essai en double aveugle international de phase 3. Les patients adultes devaient être atteints d’un SMD type SC de faible risque (R-IPSS très faible, faible ou intermédiaire) et être réfractaires ou intolérants aux ASE (ou  avoir un taux d’EPO endogène >200 UI/L). Ils étaient randomisés en 2 :1 et recevaient le luspatercept (1 mg/kg) ou un placebo en sous cutané. L’objectif principal était  l’indépendance transfusionnelle durant 8 semaines (entre la 1ère et la 24ème semaine de traitement). Parmi les 229 patients inclus, 153 ont été traités par luspatercept et 76 recevaient le placebo. Le critère de réponse principal était obtenu chez 38% des patients dans le bras expérimental contre 13% dans le groupe placebo (p<0,001). Le taux de réponse continue le plus long était de 30,6 mois. Le profil de tolérance était bon (effets secondaires principaux : fatigue, nausées et vertiges.) entraînant 8% d’arrêt de traitement. 

Dans nos pratiques :

Après la béta-thalessémie, le luspatercept confirme son intérêt dans les SMD avec de bons résultats chez des patients en échec d’ASE. Cette molécule semble avoir un excellent profil de tolérance et viendrait combler un vide important. Toutefois, les SMD avec SC ne représentant pas plus de 10% des SMD et on attend avec impatience les résultats de l’essai mené chez les patients porteurs de SMD sans SC ; cela ouvrirait la voie à une utilisation beaucoup plus large. Enfin, des données sont également attendues dans la myélofibrose. 

Le regard du statisticien :

Un essai de phase 3 réalisé dans les règles de l’art : multicentrique, international, contrôlé par placebo, en double aveugle, avec randomisation, et conduit selon les guidelines CONSORT. Les critères principaux et secondaires sont clairement définis. Le test statistique employé pour comparer les pourcentages  de réponse entre le groupe traité et le groupe placebo est parfaitement décrit, et parfaitement adapté. Une très belle étude !
 

Auteur/autrice

  • Alexis GENTHON

    Hématologue. Correspondance : Hôpital Saint-Antoine Service hématologie clinique 184 rue du Faubourg Saint-Antoine 75012 Paris.

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