Vers un arrêt durable des immunosuppresseurs dans le GVH chronique ?

Last Updated: 29 June 2023

Réf. : HematoStat.net ; 1 (15)

Chen GL, Onstad L, Martin PJ et al. Durable discontinuation of systemic therapy in patients affected by chronic graft-versus-host disease. Haematologica Vol. 108 No. 2 (2023): February, 2023.

Résumé de l’article : Dans cette analyse de 2 études prospectives observationnelles (n=684), les auteurs rapportent une incidence cumulée d’arrêts durables (>12 mois) d’immunosuppresseurs (IS) chez des patients traités par pour une GVH chronique de 32% à 10 ans, après une durée médiane de traitement de 3,6 ans [1,2-10,5]. Les facteurs prédictifs significatifs d’un succès d’arrêt incluaient les sources de greffon issus de sang de cordon (HR 2,08 95%IC[1,07-4,04]) et de moelle osseuse (HR 1,80 95%IC[1,00-3,24]) et une GVH digestive de sévérité légère (HR 1,76 95%IC[1,05-2,96]). Un score élevé sur l’échelle de GVH chronique de Lee réduisait à l’inverse la probabilité d’un arrêt durable d’IS (HR 0,82/10 points 95%IC[0,70-0,96]).

Dans nos pratiques : La très longue période de suivi a permis de caractériser non seulement les arrêts durables (> 12 mois) de traitement, mais également les évènements tardifs. Ainsi, ces arrêts durables d’IS n’étaient pas possibles chez la majorité des patients atteints de GVH chronique. Par ailleurs, l’étude suggère également qu’une période de suivi minimale de 12 mois est requise après l’arrêt des IS. De façon intéressante, beaucoup de facteurs de risque de développer une GVH chronique (mismatch HLA et de genre femme/homme, âge) n’avaient cependant pas d’impact sur la probabilité d’un arrêt durable du traitement.

Le regard du statisticien : les arrêts de traitements deviennent des endpoints de plus en plus analysés (on parle parfois de treatment-free remission) ces dernières années. La démarche statistique utilisée ici pour cette cohorte est la plus pragmatique : d’abord on réalise des analyses univariées, on présélectionné celles qui peuvent impacter plus ou moins significativement sur la réponse étudiée (arrêt durable de traitement) puis on repasse par un algorithme de sélection (type stepwise ici) en trois phases. Ce qui interpelle en revanche, est que les auteurs ont utilisé des régressions de Cox pour faire des analyses alors qu’en présence de risques compétitifs, comme la rechute et le décès, il aurait été préférable d’utiliser du Fine & Gray…

Auteur/autrice

  • Lin-Pierre ZHAO

    Hématologue.
    Chef de clinique assistant
    Liens d'intérêts au 06/03/2024 : l'auteur déclare ne pas avoir de liens d'intérêts.
    Liens d'intérêts au 01/01/2024 : l'auteur déclare ne pas avoir de liens d'intérêts.
    Correspondance : Service Hématologie Séniors - Trèfle 4 | Hôpital Saint-Louis | Université Paris Cité Inserm U1160 | Institut de Recherche Saint-Louis 1 avenue Claude Vellefaux, 75010 Paris.

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