Faut-il allogreffer les sujets âgés comorbides et fragiles ?
Survival Differences Among Patients (pts) with Acute Myeloid Leukemia (AML) Treated with Allogeneic Hematopoietic Cell Transplantation (HCT) Versus Non-HCT Therapies: A Large Real- Time Multi-Center Prospective Longitudinal Observational Study.
D’après la communication orale de Sorror ML et al., abstract #207, ASH 2018.
Contexte de l’étude
L’allogreffe est un traitement cura- tif pour les patients suivis pour une LAM de pronostique non favorable. Le pronostic des patients allogreffés continue de s’améliorer au cours du temps(1). Des données de registre sué- dois montre que c’est la population de 61-70 ans qui a le plus progressée en terme de survie relative à travers les dernières décades(2). La question qui se pose est de savoir comment l’allo- greffe contribue à cette amélioration dans cette population de patient at- teint de LAM, en partant du constat qu’une minorité des patients de plus de 60 ans sont allogreffés à l’heure actuelle(2,3). On sait également que les essais cliniques sont limités aux patients les plus jeunes et sont soumis au problème de la randomisation «génétique» (existence d’un donneur familiale ou non conditionnant la réalisation de l’allogreffe). Des outils ont été déve- loppés pour préciser l’impact des co- morbidités sur le devenir des patients en terme de mortalité non liée à la re- chute et de survie globale(4). D’autres facteurs influencent la survie dans cette population de plus de 60 ans; par exemple le test de vitesse de marche(5).
Objectifs de l’étude
L’étude présentée est une étude pros- pective multicentrique (12 centres académiques) observationnelle dont l’objectif est de mesurée l’impact de l’allogreffe sur la mortalité et la qua- lité de vie notamment dans la population de patient vulnérable après ajustement sur les facteurs de co- morbidités et autres facteurs risques gériatriques. Brièvement les patients sont inclus au moment du diagnostic ou de la rechute avec un suivi longitu- dinal pendant 24 mois à travers l’in- duction, la consolidation, l’allogreffe ou le traitement conventionnel. En plus des caractéristiques de la LAM, de nombreux paramètres ont été collectés avec des test permettant d’évaluer la fonction physique (performans status, score ADL/IADL), score FACT de qualité de vie, la fragilité (index de fragilité, test de marche de 4 mètres), la fonction cognitive, les comorbidités (HCT-CI score), le contexte socio-économique, l’état psychologique (test de dépression PHQ-9), le syndrome gériatrique (test audition, vue, etc.), les polymédicamentations, l’état nutritionnel (BMI, perte de poids, accès à la nutrition), l’état de satisfaction et les préférences du patient.
Quels impacts sur les connaissances et les pratiques cliniques ?
Cette étude est importante car elle a permis de collecter de nombreuses données gériatriques qui ne sont pas suffisamment analysées dans nos centres. Il est certain que cela permet de mieux cibler les malades pouvant bénéficier de traite- ment intensif et d’allogreffe. Une analyse avec un recul plus long pourrait permettre d’objectiver le bénéfice de l’allogreffe dans cette population. Les résultats sont à prendre avec précaution car la survie à 2 ans paraît importante dans une cohorte avec 75% de patients vulnérables (60-80 ans et/ou HCT- CI score≥4).
Références
- Gooley et al. NEJM 2013.
- Bower et al. BJC 2016.
- Medeiros et al. Ann Hematol 2015.
- El-Sawy et al, BJH 2015.
- Sudensky et al JAMA 2011.
Critique méthodologique
« 0 » comme valeur pour tous les délais de 0 à t- (c’est-à-dire, juste avant l’allogreffe) et le vecteur Z(t) aura « 1 » comme valeur à partir du temps t jusqu’au décès ou dernières nouvelles.
L’analyse par landmark permet de limiter le biais de sélection et de montrer que les allogreffes plus ou moins précoces auraient un impact plus ou moins péjoratif sur la survie. La procédure de Mantel-Byar conduit au même type d’analyse en évitant le choix arbitraire d’un temps « landmark ».