Quid de la TFR après un deuxième arrêt d’imatinib ?

Publié le : 4 novembre 2019Tags:

KID Study 2 (Korean Imatinib Discontinuation study 2) : présentation des résultats d’un deuxième arrêt d’imatinib.
Treatment-free remission after second-stop of imatinib therapy in patients with chronic myeloid leukemia in chronic phase.
D’après Sukjoong Oh et al. Abstract PS1119, EHA 2018.

Contexte de l’étude

Le groupe d’experts français de la LMC, pionnier en matière d’arrêt du traitement, a récemment publié les données de l’étude RE-STIM(1). Il s’agit d’une étude observationnelle multicentrique évaluant le maintien en rémission sans traitement ou « treatment free remission » (TFR) après 2ème arrêt d’ITK (imatinib, nilotinib, dasatinib). Avec un suivi médian de 38,3 mois, sur 70 patients inclus, 45 patients (64.3%) ont perdu
leur RMM et ont repris le traitement. L’équipe du Pr Sukjoong a mené une étude de second arrêt d’imatinib (KID 2) chez des patients ayant été inclus dans l’étude KID 1. Les principaux critères d’inclusion de l’étude KID 1 étaient : traitement par imatinib depuis 3 ans minimum et transcrit BCR-ABL indétectable (UMRD en qRT-PCR avec une sensibilité de 5 log) depuis 2 ans minimum. Le critère moléculaire de reprise du traitement était la perte de la rémission moléculaire majeure ou RMM sur 2 analyses consécutives. Un second arrêt a été proposé aux patients en UMRD supérieure à 2 ans.

Résultats de l’étude

Sur un total de 126 patients, 55 patients ont perdu leur RMM et ont repris leur traitement par imatinib. Parmi ces derniers, 43 patients ont obtenu une UMRD supérieure à 2 ans, et 17 d’entre eux ont accepté de participer à cette étude KID 2. L’âge médian est de 45 ans (18-63 ans), la durée médiane de 2e UMRD est de 25,9 mois (23,9 à 37,1 mois) (figure 1). Le suivi médian après 2ème arrêt est de 17,1 mois (0,7-50,9), parmi les patients ayant un suivi supérieur à 6 mois, 69 % des patients ont perdu leur RMM (11 sur 16) (figure 2). Bien que non statistiquement significatifs, les délais médians de perte de la UDMR et de la RMM sont plus courts que lors du 1er arrêt avec respectivement une médiane de 1,9 mois et de 2,8 mois (figure 3). Notons que 2 patients sur 11 ont mis plus de 6 mois avant d’obtenir à nouveau une RMM sous traitement. Le délai médian de rechute moléculaire est de 3,7 mois pour KID 1 versus 2,8 mois pour KID 2. Les auteurs concluent à la faisabilité d’un deuxième arrêt du traitement après reprise de l’imatinib suite à l’échec du 1er arrêt de traitement et l’absence de différence mise en évidence entre KID 1 et 2 en termes de délai médian de perte de RMM.

Figure 1 : caractéristiques des patients inclus. D'après Sukjoong Oh et al. Abstract PS1119, EHA 2018.

Figure 1 : caractéristiques des patients inclus. D’après Sukjoong Oh et al. Abstract PS1119, EHA 2018.

Figure 2 : évolution de la réponse moléculaire à l'occasion du 1er et 2ème arrêt de l'imatinib. D'après Sukjoong Oh et al. Abstract PS1119, EHA 2018.

Figure 2 : évolution de la réponse moléculaire à l’occasion du 1er et 2ème arrêt de l’imatinib. D’après Sukjoong Oh et al. Abstract PS1119, EHA 2018.

Figure 3 : évolution moléculaire après reprise du traitement par imatinib, délai de réobtention de la réponse moléculaire majeure. D'après Sukjoong Oh et al. Abstract PS1119, EHA 2018.

Figure 3 : évolution moléculaire après reprise du traitement par imatinib, délai de réobtention de la réponse moléculaire majeure. D’après Sukjoong Oh et al. Abstract PS1119, EHA 2018.

 

Quels impacts sur les connaissances et les pratiques cliniques ?

La TFR est devenue un nouvel enjeu dans la prise en charge des patients LMC. Cette étude montre de manière prospective la faisabilité et la possibilité de succès d’un deuxième arrêt avec IMA. Dans cette étude il n’y a pas de facteur prédictif de rechute après 2ème arrêt mis en avant par rapport aux résultats du 1er arrêt. L’étude de Legros L et al.,(1) quant à elle a montré une TFR significativement supérieure chez les patients demeurant en réponse moléculaire profonde au cours des 3 premiers mois du 1er arrêt. Mieux identifier des facteurs pronostiques et comprendre les mécanismes sous-

Critique méthodologique

L’étude KID 2 a pour objectif d’identifier des facteurs pronostics et comprendre les facteurs prédictifs d’arrêt des ITK. Cette étude ne portant que sur 17 patients, il faut prendre avec précaution la conclusion des auteurs quant à la faisabilité d’un deuxième arrêt du traitement après reprise de l’imatinib suite à l’échec du 1er arrêt de traitement.

Références

1. Legros et al., Cancer 2017.

Auteur/autrice

  • Emilie CAYSSIALS

    Hématologue, MCU-PH.
    Expertises : SMP.
    Liens d'intérêts : Incyte Biosciences, Novartis.
    Correspondance : CHU de Poitiers.
    Pôle régional de cancérologie. 2 rue de la Milétrie, 86021 POITIERS, France.

Laisser un commentaire