Rituximab + Ino + mini-hyperCVD +/- Blina : qui dit mieux ?
Inotuzumab Ozogamicin in Combination with Low-Intensity Chemotherapy (mini-hyper-CVD) Vs. Standard Intensive Chemotherapy (hyper-CVAD) As Frontline Therapy for Older Patients with Philadelphia Chromosome-Negative Acute Lymphoblastic Leukemia (ALL): A Propensity Score Analysis.
D’après la communication orale de Sasaki K et al., abstract #34, ASH 2018.
Contexte de l’étude
Le traitement des LAL Ph négative du sujet âgé représente un véritable challenge à l’heure actuelle. À l’inverse des LAL Ph+ pour lesquelles la chimio- thérapie a été réduite grâce l’arrivée des ITKs, le traitement des LAL Ph- repose toujours sur l’administration de chimiothérapie standard dont la tolé- rance est moyenne chez les sujets âgés. La survie médiane actuelle dans cette population est de moins d’1 an(1,2). L’arrivée de nouvelles thérapies dis- ponibles pour les rechutes de LAL-B telles que le blinatumomab (Blina) ou bien l’inotuzumab ozogamycin (INO) pose la question de leurs utilisations en première ligne notamment chez le sujet âgé en raison d’un profil de to- lérance favorable en comparaison à la chimiothérapie standard.
Objectifs de l’étude
L’objectif de l’étude était de comparer le devenir des patients atteints de LAL Ph négatif nouvellement diagnostiquées et traitées par INO+mini-hyper-CVD à une cohorte de patients traités par hyper-CVAD (bras standard). Des ana- lyses univariées et multivariées ont été effectuées afin d’identifier des facteurs pronostiques de la survie globale (OS).
Résultats de l’étude
Il s’agit d’une étude rétrospective et monocentrique de patient traité au MD Anderson cancer center. Le temps du traitement jusqu’à la greffe a été trai- té comme une variable temps dépen- dante. Afin de pouvoir comparer les cohortes, un appariement avec calcul de score de propension a été effectué. Cette étude a inclus 135 patients de plus de 60 ans traités soit par INO+- mini-hyper-CVD (n=58) ou hyper-CVAD (n=77). Le schéma de traitement du bras INO est résumé dans la figure 1. Au démarrage de l’étude, le traitement comporte 8 cycles de mini-hyper-CVD avec dose réduite de cyclophosphamide (-50%), dexaméthasone (-50%), dis- parition des anthracyclines, réduc- tion du méthotréxate (-75%) et de la cytarabine (-83%). L’inotuzumab est injecté à J3 pour les 4 premiers cy- cles, le rituximab J2 et J8 pour les 4 premiers cycles en cas de positivité du CD20 et des injections intrathécales sont prévues à raison de 8 au total (2 par cycles pendant les 4 premiers cy- cles). Il faut noter que la dose d’INO a varié au cours de l’étude. Les 6 premiers patients ont reçu 1.3mg/m2au cycle 1 (C1) puis 0.8mg/m2 au C2C3C4. Pour une raison qui n’a pas été expliquée, la dose d’INO a ensuite été portée à 1.8mg/m2 C1 et 1.3mg/m2C2C3C4 (patients 7 à 34). En raison de la survenue de maladie veino- occlusive (MVO), la dose a été ensuite réduite à 1.3mg/m2 au C1 et 1mg/m2aux C2C3C4 (patients 35 à 49). Les auteurs précisent qu’ils on réduits encore la dose d’INO afin de mini- miser le risque de MVO : 0.9g/m2C1 et 0.6mg/m2 C2C3C4 (patients 50 à 58).
Quels impacts sur les connaissances et les pratiques cliniques ?
Les données présentent de nombreux biais mais il s’agit là d’un traitement no- vateur qui s’accompagne d’une grande efficacitéetsurtoutd’uneincidencede décès précoce faible. Bien sur, une étude randomisée controlée serait nécessaire mais elles sont difficiles à conduire dans cette population peu fréquente de sujet fragile. L’association de inotuzumab blinatumomab et rituximab avec de petite dose de chimiothérapie sera surement une association prometteuse et peut devenir un standard à la lecture du taux de rémission et de la faible mortalité.
Références
- Subramanian et al. Blood 2013 ; 122 :1404.
- Li et al. Blood 2016 ; 128 :3981.
Critique méthodologique
Enfin, nous devons nous assurer que les arrêts de traitements, les déviations aux protocoles et les traitements concomitants ont été recueillis et sont convenablement documentés.