Une estimation des troubles du rythme ventriculaire chez les patients drépanocytaires
Réf. : HematoStat.net ; 2 (23).
Résumé de l’article
Les auteurs rapportent les données de suivi prospectif en vie réelle de survenue d’une arythmie ventriculaire (VA définie comme une tachycardie ventriculaire ou >500 extrasystoles ventriculaires/24h) dans une cohorte de 100 patients drépanocytaires (SS ou Sβ0, âge médian de 46 ans). Remarquablement, ces patients avaient bénéficié d’un bilan cardiaque exhaustif (examen physique, biologie, ETT, test de marche, holter-ECG) dans le cadre de la cohorte multicentrique DREPACOEUR. Un total de 22 patients (22%) étaient porteurs de VA. En analyse multivariée, le genre masculin, l’altération du strain global longitudinal (GLS) en ETT et la thrombopénie étaient associée aux VA. Un seuil de GLS à -17.5% semblait optimal pour prédire la survenue de VA.
Dans nos pratiques
Parmi les points intéressants à retenir de cette étude, on note la pertinence de monitorer ces évènements cardiaques « infra-cliniques » potentiellement pourvoyeurs de mort subite, et la faisabilité d’une telle démarche dans le cadre d’une hospitalisation de courte durée. La prévalence des VA est non négligeable puisqu’elle concerne près d’un quart de la cohorte, et possiblement sous-évaluée étant donné que 38% des patients étaient sous anti-arythmiques. Enfin, les auteurs ont développé un seuil de GLS permettant de prédire (sensibilité 82%, spécificité 63%) les VA.
Le regard du biostatisticien
Cette étude prospective visant à trouver de potentiels facteurs de risque démarre assez classiquement par un état des lieux des caractéristiques des patients et de la maladie recueillies et leurs statistiques descriptives. Il s’ensuit une batterie d’analyses univariées qui aboutit à un modèle multivarié contenant le “best-of” des facteurs de risque (visiblement sans avoir eu recours à des algorithmes de sélection). L’ajout de la statistique R² aurait été appréciable, afin d’avoir une idée de l’adéquation de ce modèle (à défaut de pouvoir effectuer de la cross-validation). Le cut-off de la valeur de GLS discriminant au mieux les patients avec ou sans VA est calculé d’après une courbe ROC. Attention toutefois, ce seuil est calculé de manière univariée et peut fluctuer au sein d’un modèle multivarié (s’il s’avère que la variable GLS soit plus ou moins corrélée au sexe ou taux plaquettaire qui étaient les autres variables intégrées dans le modèle). Une reproduction de ces analyses dans de futures étude pourront permettre de confirmer ces résultats, ou pas.